La Stigmatisation était le thème abordé par la PFCSM de Bruxelles ce 10 octobre 2019.
En introduction ces quelques mots prononcés lors d’une présentation théâtrale annoncent la couleur. Bien « qu’il n’est pas facile de parler de santé mentale » il est temps de briser les tabous de notre société. Stigma signifie « marqué au fer rouge » et la blessure qu’elle engendre est profonde. Elle « brûle ». Qu’est-ce qu’écouter vraiment ? Être écouté, c’est comme être invité un moment dans la maison de quelqu’un et y être confortablement installé. Être accueilli…
Pour Eric Thijs la stigmatisation est comme un couvre-théière, elle s’ajoute mais n’est pas intrinsèquement liée à l’identité de la personne. Ainsi on ne voit plus la personne et cela mène à la déshumanisation, qui mène ensuite à l’inhumanité.
La stigmatisation a alors pour conséquence l’exclusion dans les domaines de l’emploi, du logement et de la vie affective. C’est une injustice sociale sous-estimée dans laquelle les médias occupent une place centrale.
Ensuite Eric Thijs présente la stigmatisation au travers d’une recherche comparative menée dans des médias néerlandophones par son équipe sur la représentation donnée par les médias sur l’autisme et la schizophrénie. Ces pathologies présentent des similitudes mais beaucoup de différences dans la manière dont elles sont abordées dans les médias. L’autisme est plutôt décrit de manière positive et colorée contrairement à la schizophrénie, assombrie d’images noires et glauques.
La schizophrénie est souvent décriée dans les médias pour des faits liés à de la violence, ce qui stigmatise lourdement les personnes concernées et qui les condamne d’emblée dans l’inconscient collectif.
C’est également un terme très négatif qui existe depuis une métaphore du XIX è siècle. Faudrait-il alors plutôt évoquer les termes suivants : « Psycho-sensibilité », « Spectre de la Psychose » ou « syndrome de dysrégulation de saillance ». (Nous retiendrons bien sûr ce dernier par souci de simplicité ! :-)
S’il fallait choisir le terme de psychose. Les préjugés dans les mentalités sont également légions. Hitchcock n’est jamais très loin ! D’ailleurs lorsqu’il y a un assassinat on parle soit de « psychotique » soit d’ « extrémiste islamiste ».Par contre dans les médias il y a du positif et du négatif pour le terme de psychose selon la « qualité » du journal.
Avis à la populaschtroumpf : Qui de vous se reconnaît dans le 100ème schtroumpf ?
Dans le déroulé de la soirée nous sommes invités à choisir une des trois formes d’ateliers :
L’Atelier Écriture consistait en un duo de conteur et de « retranscripteur ». Une personne racontait une histoire sur un moment où il s’était senti « sur le fil ». Nous voilà transformés en « équilibristes » le temps d’un texte ! L’autre écrivait le récit et ensuite y apportait ses touches personnelles. Le texte était ensuite recomposé à deux.
L’Atelier Collage consistait à décorer des cartes postales sur le thème de la santé mentale en termes positifs. Et ce afin de se « décoller » de la stigmatisation !
L’Atelier « Jeux de rôles »
Le principe de l’atelier jeux de rôle était de choisir un rôle parmi 4 proposés : le proche, le pair-aidant ou expert d’expérience, avocat ou juriste, le soignant. On recevait un badge coloré qui permettait au maître du jeu d’identifier les rôles des participants. Le maître de jeu présente une situation, ex : une personne mise en observation qui refuse le traitement. Différentes zones délimitées par des rubans représentaient « on ne peut pas imposer un traitement », « on peut imposer un traitement », « je ne sais pas ». Le maître du jeu apportait des éléments du style « témoignage d’un proche », « élément médical », « conversation téléphonique ». Les participants pouvaient également apporter des éléments. L’idée était de s’interroger sur la justice sociale et de prendre conscience de ses grands courants (ex : libertarien, communautarien,…) Le but était de prendre position (pour/contre) avec une possibilité de changer d’avis au fil du jeu suivant les éléments apportés.
Un débat animé a clôturé la soirée. Certaines personnes ont exprimé ce que représentait pour eux la Stigmatisation. Un proche d’une intervenante usagère lui avait un jour parlé en ces termes « je travaille pour des gens comme toi ». Un autre intervenant a eu un procès d’intention parce qu’il reprenait sa cheffe, conséquence de son autisme.
Une intervenante relève le cas Selah Sue qui sans complexe expliquait qu’elle prenait une médication lors d’une interview où se trouvait notamment un psychiatre, Dirk De Wachter, sur un plateau télévisé. « Détabouisons » donc la « folie » dans ses diverses représentations par le biais de témoignages de personnalités célèbres voire même du gouvernement car déjà notre pays avec nos communautés, nos régions, nos entités fédérales, fédérées et dé-fédérées nous crée de vrais problèmes d’identités et de structures !
Valérie Müller-Kurz