Rue Gustave Norga 27, 1140 Evere:
La Maison de Santé d’Evere

 

 

Nous sommes en fin d’année 1871, en pleine nuit. Laurent D. se trouve dans la Maison de Santé d’Evere comme « aliéné ». Pris d’un accès de fureur déclenché vraisemblablement par les autres occupants de sa chambre, il en tue deux de ses coups furieux.

Les conséquences dramatiques de cette empoignade mènent à une instruction judiciaire, qui met en évidence une longue série de défaillances dans la gestion de l’asile pourtant acclamé précédemment comme un établissement modèle.

Carte postale de la Maison de SantéVoici un résumé de l’affaire : Depuis quelques années déjà, les différentes instances chargées de la surveillance des asiles du royaume soulignent une gestion déplorable et inhumaine d’Evere auprès du ministre de la justice. Le directeur de l’asile tarde à remettre de l’ordre, malgré plusieurs avertissements. Le ministre pense déjà à faire fermer cette maison de santé quand, en décembre 1871, le procureur du roi de l’arrondissement de Bruxelles l’avertit qu’une instruction vient d’être ouverte pour enquêter sur un double homicide qui y était survenu. Cette enquête permet de constater toute l’ampleur des problèmes qui rongent l’asile et décide défnitivement le ministre à la fermer. L’enquête est fortement médiatisée et ses résultats inquiètent les citoyens. L’affaire devient rapidement une sorte de feuilleton judiciaire et se transforme tout aussi vite en un scandale de grande ampleur. Il devient clair qu’une simple condamnation judiciaire ne peut en aucun cas suffire. Les « médecins aliénistes » saisissent alors l’opportunité pour soulever des revendications qu’ils avaient déjà défendues auparavant et auxquelles les abus constatés à Evere semblent donner raison.

Des politiques de tendance libérale tentent de leur côté de lancer une réforme ambitieuse, dont le but serait de responsabiliser davantage l’État dans la prise en charge des aliénés.
À la suite de ce qui fut vite baptisé « l'affaire d'Evere », une nouvelle loi fut ainsi votée le 28 décembre 1873. Elle tente de renforcer le contrôle des asiles et impose également une classification des malades entre « paisibles, agités, malpropres ».

Ce cadre législatif reste largement valable jusqu’aux années 1960 !

La maison existe apparemment encore et abrite aujourd’hui un magasin de châssis et portes.

René Bartholemy