Housing First

Actuellement pour obtenir un logement permanent, les personnes sans-abri doivent régulièrement prouver qu’elles sont suffisamment prêtes et motivées. Certaines d’entre elles n’y arrivent jamais en raison de multiples fragilités (santé mentale, addictions, rupture de liens sociaux…), et ce alors même que le logement constitue pourtant un droit fondamental garanti par notre constitution.

Le Housing First ou « logement d’abord » inverse ce processus en proposant un accès direct depuis la rue à un logement individuel et permanent, à des personnes sans-abri cumulant des problèmes psychiatriques lourds et d’addiction. Le logement se double d’un accompagnement pluridisciplinaire adapté aux besoins de la personne afin d’assurer à long terme cette transition.

Le but de cette méthode est de mettre l’accent prioritairement sur les effets et bénéfices structurants du logement en vue de travailler plus efficacement sur les autres pans de la vie de la personne (santé, administratif, liens sociaux et familiaux…). Autrement dit, le Housing First s’ancre dans le principe de l’accès fondamental au logement qui s’avère être un élément-clé dans le rétablissement de la personne au sein de la communauté.

Avec un logement, plus besoin de passer ses journées et ses nuits à chercher un abri, de quoi manger, une douche ou tout simplement du contact humain. La personne a désormais un « chez soi », une véritable intimité qui lui permet de se reconstruire, de retrouver une dignité et de se réinsérer progressivement. Par ailleurs, le fait de disposer d’une adresse fixe l’aide également à avoir accès aux droits sociaux.

Un accompagnement mobile et pluridisciplinaire (médecin, psychologue, assistant social, pair-aidant, expert en addiction…) est mis en place dès l’entrée en logement. Ce soutien est adapté aux besoins spécifiques de la personne, décidé d’un commun accord avec elle et réajusté selon les périodes (il peut être potentiellement intensif). Il permet de fournir, à domicile puis dans les services adéquats, les réponses aux demandes et besoins de la personne, ainsi qu’une pluralité d’outils qui s’appuient sur ses ressources pour mieux les revaloriser.

L’accompagnement psycho-médico-social est séparé des aspects liés au logement_: si la personne vient à quitter son logement, l’accompagnement, lui, continue bel et bien afin de maintenir un lien durable avec la personne. Et si l’accompagnement est suspendu, la personne reste de plein droit dans son logement.

Le Housing First s’ancre pleinement dans les principes d’autodétermination (la personne décide librement des domaines dans lesquels elle veut avancer), de participation (le but est bien de travailler avec la personne et non sur elle) et de co-construction (l’équipe d’accompagnement construit pas à pas, de concert avec la personne, un projet de vie).

Et ça marche_: le Housing First permet de maintenir en logement 90% des personnes accompagnées_! À mesure que les jours, les semaines et les mois passent, la personne acquiert des capacités à habiter un logement, à structurer son quotidien, et à envisager un futur au-delà du lendemain. Un logement pour tous et sans conditions_!

Muriel Allart (Coordinatrice Housing First; Smes)